28
Août
2025

Faux miels : enjeux et principales fraudes – Partie 1

À première vue, tous les miels se ressemblent qu’ils soient dorés, sucrés voire même joliment étiquetés. Mais derrière certains pots de miel, se cache parfois une réalité bien moins naturelle. La fraude au miel se multiplie avec l’ajout de sirops de sucre, fausse origine florale, étiquetage trompeur… Autant de pratiques qui mettent en péril la confiance des consommateurs et le travail des apiculteurs.

Dans cet article vous allez découvrir les techniques utilisées par certains producteurs et les indices qui permettent d’identifier un vrai miel en laboratoire.

Pourquoi l’authenticité du miel est un enjeu important ?

Le miel, produit naturel précieux… Mais l’un des plus falsifiés au monde…

Le miel est un produit unique, crée par les abeilles à partir du nectar des fleurs. Sa composition naturelle est assez complexe avec des sucres naturels, enzymes, minéraux, pollen, arômes…
Mais il est aussi vulnérable, car visuellement, un faux miel peut imiter parfaitement un miel pur. Pourtant, il perd ce qui fait sa valeur c’est à dire sa richesse aromatique, sa teneur en pollen et son empreinte d’un terroir.

La fraude au miel à un impact direct sur les apiculteurs vertueux

Produire un miel naturel de qualité demande du temps et le respect du rythme naturel de la ruche. Les apiculteurs responsables récoltent uniquement lorsque le miel est à maturité, après operculation, et travaillent sans chauffage excessif ni ajout.

Les miels adultérés, écoulés à bas prix dans la filière du miel utilisé comme ingrédient, créent une concurrence déloyale vis-à-vis des producteurs de miels authentiques. Par conséquence, les apiculteurs artisanaux, qui respectent les abeilles et la biodiversité, peinent à vivre de leur métier. Or, cela devrait être exactement l’inverse à savoir une apiculture locale et artisanale valorisée, reconnue pour son savoir-faire et son engagement.

Fraudes au miel les plus courantes et leur détection en laboratoire

1. Ajout de sirops de sucre

La fraude la plus courante consiste à mélanger un miel authentique avec des sucres industriels (sirop de maïs à haute teneur en fructose, sirop de riz, sirop de betterave…). Le but est d’imiter la texture et la couleur du miel à moindre coût. Par conséquence il y a une perte des enzymes, de minéraux, d’arômes et de pollens naturels. Il est possible de détecter cela grâce à une analyse du profil sucré, mesure du saccharose et des isotopes carbone. On peut aussi évoquer une autre pratique qui est l’ajout de sirop en fin de miellée, pour gonfler artificiellement la récolte.

2. Fausses origines florales

Un miel vendu comme “miel d’acacia” peut contenir majoritairement du miel toutes fleurs. La règle pour qu’un miel soit qualifié de monofloral ne repose pas uniquement sur une proportion précise de pollen de la fleur annoncée; d’autres critères entrent également en jeu, comme les caractéristiques sensorielles et physico-chimiques propres à ce type de miel.

3. Origines géographiques mensongères

Certains miels étiquetés “français” sont en réalité importés, mélangés, chauffés puis reconditionnés en France ce qui contourne la règle… Il y a également les mentions floues comme « origine UE et hors UE ». On le détecte par une analyse pollinique croisée avec des données botaniques régionales.

4. Étiquetage trompeur et absence de contrôle

Certaines pratiques d’étiquetage entretiennent volontairement le flou. On retrouve ainsi des mentions marketing séduisantes comme “miel naturel” ou “100 % pur”, qui ne sont pourtant pas encadrées par la réglementation et ne garantissent en rien l’authenticité du produit. À cela s’ajoute l’absence fréquente de date de récolte, qui empêche de savoir si le miel est réellement frais, ainsi que des indications géographiques volontairement vagues ou imprécises, rendant difficile l’identification de son origine réelle. En 2021, la DGCCRF révélait d’ailleurs que 40 % des établissements contrôlés en France présentaient des anomalies d’étiquetage, soulignant l’ampleur du problème et l’importance de plus de transparence pour protéger à la fois les consommateurs et les apiculteurs.

Préserver l’authenticité du miel : un enjeu collectif

Les fraudes alimentaires autour du miel nuisent à la confiance des consommateurs, mettent en danger le métier d’apiculteur et dévalorisent un produit noble. En comprenant les enjeux et les formes de fraude, chacun peut choisir un miel pur et soutenir une apiculture respectueuse des abeilles et de la nature.

Rendez-vous dans la Partie 2 de cet article ! !

Ecrit par Victor dans : Non classé | Commenter cet article
11
Août
2025

Loi Duplomb : censure historique du Conseil constitutionnel

Loi Duplomb Censure

Jeudi 7 août 2025, un souffle d’espoir a traversé la société civile : le Conseil constitutionnel a partiellement censuré la loi Duplomb, supprimant l’une de ses dispositions les plus contestées. Ainsi, cette décision marque un tournant dans la lutte pour protéger les abeilles, la biodiversité et la santé publique.

Qu’est-ce que la loi Duplomb ?

Le 8 juillet 2025, l’Assemblée nationale a adopté définitivement la loi Duplomb, proposée par le député François Duplomb.
Ce texte s’inscrit dans une série de réformes destinées à assouplir la réglementation agricole et à réduire certaines contraintes environnementales. D’un côté, les promoteurs de la loi affirment qu’elle soutient la compétitivité agricole française. De l’autre, ses opposants la considèrent comme un recul pour la protection du vivant.

La loi Duplomb prévoit notamment :

  • La réintroduction dérogatoire de l’acétamipride (un insecticide néonicotinoïde interdit depuis 2018) sur certaines cultures comme les noisetiers et les betteraves.
  • L’assouplissement des délais d’interdiction d’épandage de pesticides à proximité des habitations.
  • La simplification des procédures d’évaluation environnementale pour accélérer certains projets agricoles.
  • La réduction des obligations liées aux zones de non-traitement, créées pour protéger la santé des riverains et la biodiversité.

En conséquence, les défenseurs parlent de « souplesse » pour les agriculteurs face aux aléas climatiques et économiques.
Cependant, les détracteurs — associations environnementales, apiculteurs, scientifiques et citoyens mobilisés — y voient une menace directe pour les pollinisateurs, les écosystèmes et la santé publique.


Acétamipride : un néonicotinoïde controversé

L’acétamipride appartient à la famille des insecticides néonicotinoïdes, surnommés tueurs d’abeilles.
Interdit en France depuis 2018, il agit sur le système nerveux des insectes, provoquant paralysie et mort. De plus, sa toxicité touche aussi les insectes du sol, la faune aquatique et peut menacer les mammifères.

Ainsi, son retour aurait marqué un net recul dans les politiques de protection de l’environnement, en contradiction avec la Charte de l’environnement.


Une mobilisation citoyenne sans précédent

Le 10 juillet 2025, deux jours après l’adoption de la loi, une pétition citoyenne a été publiée sur le site officiel de l’Assemblée nationale.
Rapidement, elle a franchi le cap du million de signatures en moins de dix jours.
Le 7 août 2025, plus de 2,1 millions de citoyens avaient exprimé leur opposition, faisant de cette action l’une des plus importantes mobilisations parlementaires françaises.

Par ailleurs, cette démonstration prouve la capacité des citoyens à défendre la justice environnementale.


La décision du Conseil constitutionnel : une victoire pour le vivant

Le 7 août 2025, le Conseil constitutionnel a supprimé la disposition autorisant la réintroduction de l’acétamipride.
En effet, il a jugé cette mesure contraire à la Constitution et à la Charte de l’environnement.
Dès lors, ce jugement réaffirme notre responsabilité collective dans la préservation de la santé, des écosystèmes et de la biodiversité.


Et après ?

La loi Duplomb conserve d’autres volets toujours en vigueur. Néanmoins, cette censure partielle montre que la société civile peut influencer des décisions face aux intérêts agro-industriels.
Ainsi, cette victoire envoie un message clair : la transition écologique et la protection des pollinisateurs doivent rester au cœur des politiques publiques.


07
Août
2025

Tribune « J’accuse » – De l’Abeille contre la Loi Duplomb

J’accuse.
J’accuse votre silence, vos votes à main levée, vos compromis entre le rendement et la vie.
J’accuse ce retour en arrière, maquillé en solution pragmatique : la réautorisation de l’acétamipride.
J’accuse la loi Duplomb d’avoir préféré calmer la colère de quelques-uns… plutôt que d’écouter notre lente disparition.

Je suis l’abeille. 
Je n’ai pas de micro. Je ne manifeste pas. Je ne bloque pas les routes. Je me contente de butiner, d’assurer la pollinisation de plus de 80 % des plantes à fleurs et 75 % des cultures vivrières européennes. Je travaille gratuitement, discrètement, sans relâche. Et je meurs en silence.
J’accuse les poisons dits « raisonnés ».
L’acétamipride, cet insecticide néonicotinoïde à nouveau autorisé sous prétexte qu’il est « moins pire », est pourtant toxique pour mes congénères. Des études ont montré qu’il affecte la mémoire, la navigation et le système immunitaire des abeilles. 

Il n’est pas seulement pulvérisé. Il reste dans les plantes, le pollen, le nectar. Il désoriente, affaiblit, ralentit, jusqu’à ce que nous ne retrouvions
plus notre ruche. Jusqu’à ce que nous mourions.
J’accuse l’oubli volontaire. Depuis 1995, la France a perdu près de 30 % de ses colonies d’abeilles chaque année. Dans certaines régions, les taux de mortalité dépassent les 50 %. Et pourtant, on continue. À chaque fois, on nous promet que ce sera « exceptionnel », « temporaire », « encadré ».
J’accuse la peur instrumentalisée. Oui, les agriculteurs souffrent. Oui, leurs récoltes sont menacées. Mais sommes-nous vraiment ennemis ? Ne sommes-nous pas les premières victimes d’un même système qui précipite le vivant dans l’impasse ? Et si l’on vous fait croire que sans pesticides il n’y aura plus d’agriculture, c’est qu’on oublie que sans pollinisateurs, il n’y aura plus de vie.

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